L'Aéronautique En Deux Cliques

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Serpentex 2013, le Close Air Support en Corse

Serpentex 2013, le Close Air Support en Corse 

BA 126 « Capitaine Preziosi » de Ventiseri-Solenzara. L’exercice Serpentex se termine ce vendredi 13 décembre et aura permis à quelques 700 militaires français et étrangers d’entretenir leurs compétences dans le domaine du « close air support », le soutien aérien rapproché. Il s’agissait d’un double entraînement : Pour les contrôleurs aériens avancés (FAC ou « Forward Air Controller »), le contact avec le pilote de chasse pour être en mesure de lui expliquer où se trouve l’ennemi pour que l’équipage puisse ensuite l’identifier et le détruire ; pour les équipages en vol, l’appui d’une troupe de manœuvre au sol prise à partie par des ennemis.

Les personnels déployés depuis le 25 novembre dernier ont pu s’entraîner dans un environnement interarmées et interallié, comme l’explique le directeur de l’exercice, le LCL Olivier Aribaud : « L’objectif de l’exercice est le suivant : Travailler l’interopérabilité, comme ça se faisait en Afghanistan. Il pouvait y avoir jusqu’à 41 nations sur le terrain, certaines n’avaient pas de moyens aériens, donc il est arrivé que des troupes françaises aient recours à des avions américains ou que nos chasseurs appuient des troupes espagnoles par exemple. Les moyens aériens peuvent intervenir en tout lieu et en tout temps pour intervenir au profit de n’importe quelle nation. Toute la difficulté est de standardiser les procédures pour que n’importe quel FAC qualifié puisse mener un travail efficace avec n’importe quel équipage. »

Car la mission d’appui aérien est un véritable travail de communication entre les troupes au sol et les équipages en vol. Pour ce faire, les deux unités sont équipées de capteurs les plus précis possibles, afin que les uns comme les autres aient une vision la plus précise possible de ce qui se passe sur terre ou dans les airs. A cet égard, les RETEX de la Libye et du Mali ont permis d’adapter l’exercice aux nouveaux enjeux. « On a mis l’accent sur le DACAS, le Digital Added CAS, qui consiste à faire remonter les informations en liaison satellitaire, et on a également prévu quelques missions de type SCAR (Strike Coordination And Reconnaissance) » détaille le LCL Aribaud.

Les moyens aériens déployés pour cette édition 2013 de Serpentex comprenaient des avions français, canadiens et espagnols, ainsi qu’un drone MQ-9 italien, déployé depuis la base d’Amendola-Foggia. Côté français, l’armée de l’air a envoyé des Rafale du 1/7 « Provence », du 1/91 « Gascogne », du 2/30 « Normandie-Niémen », des Mirage 2000D du 1/3 « Navarre », du 2/3 « Champagne » et du 3/3 « Ardennes », ainsi qu’un C-160 du 1/64 « Béarn », un CN-235 du 1/62 « Vercors », et des Gazelle du 3ème RHC et des Mirage 2000N du 2/4 « La Fayette » ont fait leur apparition la dernière semaine.

L’Aviation royale canadienne a pour sa part envoyé outre-Atlantique six CF-18 Hornet ainsi qu’un CP-140 pour les missions ISR, et l’Espagne a elle déployé des EF-18 Hornet.

Côté personnels au sol, ce sont dix pays qui ont participé à l’exercice : France, Canada, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Italie, Etats-Unis, Belgique, République tchèque et Slovénie.



Mais c’est le Canada qui a surtout marqué Serpentex 2013 par sa participation massive, avec pas moins de 200 militaires et sept aéronefs. « Le concept de l’exercice correspond bien aux missions qu’on peut mener avec nos CF-18, c’était donc l’occasion de venir « éprouver » le personnel et le matériel en situation d’exercice », comme nous l’a expliqué le lieutenant-général Yvan Blondin, venu rendre visite à ses troupes et à son homologue le général Mercier.

L’aviation royale canadienne a participé à Serpentex du 25 novembre au 6 décembre. Les FAC ont pu mener à bien environ 75 missions, tandis que les CF-18 ont effectué 52 missions à un rythme d’environ quatre par jour. 

Autre invité de marque : le drone MQ-9 Reaper mis en œuvre par l’Italie. Une première du genre, car « sur un exercice, c’est la première fois qu’un drone d’une autre nation vole dans l’espace aérien français » comme le rappelle le directeur de l’exercice. Le Reaper devait être utilisé pour des missions ISR, et devait initialement transmettre les vidéos des images captées au centre de commandement. Lors de notre visite, le bilan était plutôt mitigé, car des conditions météorologiques défavorables et un « retask » sur une autre mission l’avaient empêché de mener ses missions jusqu’au bout. Des images ont tout de même pu être transmises. Le LCL Aribaud note une « excellente qualité de l’image du capteur, comparativement à celle des pods de désignation laser ». Il précise que cette première participation va permettre de « faciliter » la future intégration des drones dans le ciel français. Quant à savoir si Serpentex 2014 accueillera un des MQ-9 Reaper français, c’est peu probable en l’état actuel des choses. Il faudra plutôt regarder du côté des Harfang, qui seront désengagés de Niamey (Niger) au profit des MQ-9 Reaper qui devraient bientôt être livrés à la France et donc privilégiés pour les besoins opérationnels.

Le premier bilan à chaud est plutôt positif pour le directeur de l’exercice : « En plus du perfectionnement à l’appui aérien, les nouveaux objectifs d’entraînement de type SCAR ont permis aux équipages de s’entraîner dans un cadre tactique réaliste ». Il ajoute que « l’acculturation de tous à l’emploi des liaisons de données tactiques permet d’envisager des modes d’actions plus efficaces ». Enfin, pour les jeunes FAC qui ne sont pas encore partis en OPEX, Serpentex a permis de « démystifier la barrière de la langue et leur a fait prendre conscience qu’avec leur formation (au Centre de formation à l’appui aérien sur la BA 133 de Nancy, ndlr), ils sont capables de se débrouiller dans un contexte interarmées et interallié ».

 



14/12/2013
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